Keny Arkana - Victoria
J'ai recroisé une vieille connaissance il y a quelques jours et du coup on a papoté d'avant, quand on était dans la rue ensemble. Elle a été surprise de me croiser 5 ans après, de me voir "bien", voir que j'ai un appartement, que j'ai retrouvé M. et qu'on soit encore en vie. Ca m'a fait bizarre mais j'ai bien compris qu'a chaque fois que je recroise quelqu'un il me croit morte ou en taule... C'est affligeant au final, pourquoi personne ne pense que j'ai pu m'en sortir ? Que je vais bien et que je suis passée à autre chose. Personne a de l'espoir pour nous, pour eux j'étais condamnée à périr loin de M., toute seule, dans la rue. Tsss.... Bon, au final je ne m'en suis pas sortie aussi bien que ça mais fais chier, ils auraient pu y croire un peu quand même non ?
Au final j'ai l'impression que je n'ai pas envie que ça aille... Je suis toujours cette gamine, j'ai été trop en marge pour rentrer maintenant dans le moule : "Le système m'a exclue, je n'y rentrerais pas !".
J'ai envie de partir en douce, pas pour toujours hein, M. et moi je sais qu'on va crever ensemble, j'en suis sûre ! Pas parce que je le sais mais parce que je le veux et lui aussi alors malgré les galères on restera ensemble. A chaque fois qu'on voulait être ensemble on nous a séparé, mais on se retrouvait même si ça prenait souvent des mois. Je crois qu'on nous a tellement séparer qu'on ne sait plus vivre ensemble. M'éloigner un moment pourrait être une bonne idée. Je sais que j'ai des choses à vivre dehors, ailleurs. Et lui doit affronter ses démons, et sortir de sa dépression depuis la mort de son père. Pour lui je suis une bouée, il s'accroche à moi et du coup il ne fais plus rien pour se bouger alors il faut un déclic, un changement dans sa vie sinon rien ne changera.
J'aimerais bien guérir, juste oublier certaines choses ou vivre une autre vie, avoir vécu des choses moins difficiles. Je me sens mal et seule, tout le temps. J'aimerais bien être forte, pendant longtemps j'ai cru que je l'étais je méprisais même les plus faibles. Au final je ne suis pas mieux, sinon je n'aurais pas plongée dans la drogue dure. Je serais passée à autre chose au lieu de m'endormir chaque soir avec les mêmes images en tête, en me demandant pourquoi je suis encore là.
Alors, si on pouvait croire aux miracles et te souhaiter une fin d'année plus douce. Juste quelques jours pour te montrer que la vie, "ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit" (Maupassant).
Bon courage.
P.S: je ne pense pas que se dévaloriser en disant "si j'avais été forte, je ne serais pas..." soit réaliste et constructif. Cela me semble même tellement ridicule et caricatural que je m'étonne de te le voir écrire.